
HARCELEMENT SCOLAIRE ET EN LIGNE SUR LES MINEURS VICTIMES
Les enfants victimes ou témoins de la violence dans la famille sont fragilisés et donc sont davantage en butte aux moqueries et au harcèlement de leurs camarades à l'école.
Dans nos groupes de soutien VICTA, de nombreuses mères victimes de harcèlement moral dans le couple sont aussi venues demander notre aide pour leurs enfants harcelés à l'école. C'est pourquoi VICTA a inclus dans ses statuts l'aide aux familles de mineurs harcelés à l'école en tant que 2nd objectif de l'association.
Le harcèlement, défini comme une violence subie par les élèves de la part de leurs pairs, se caractérise par « un comportement intentionnel et agressif survenant de manière répétée dans une situation de déséquilibre de pouvoir, réelle ou perçue ».
Depuis 2018, le gouvernement a décidé de mettre en œuvre une journée nationale de mobilisation contre le harcèlement le 1er jeudi de novembre pour sensibiliser élèves et enseignants.
LES CHIFFRES
Près d’un tiers des adolescents dans le monde soit 200 millions ont récemment été victimes de harcèlement, selon les données publiées pour la première fois par l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU) en 2018.
Chaque année, 700.000 élèves sont victimes de harcèlement scolaire en France, selon l’Unicef.
Un enfant sur dix est victime de harcèlement scolaire :
12% en primaire
10% au collège
3 ou 4% au lycée.
D’après le « Guide complet sur le harcèlement en ligne destiné aux parents » :
"34 % des étudiants souffriront de harcèlement en ligne au cours de leur vie.
Les filles sont deux fois plus susceptibles d’être victimes de harcèlement en ligne.
Les victimes de harcèlement en ligne risquent plus de souffrir de dépression, même par rapport aux victimes de harcèlement traditionnel en face-à-face.
Les enfants sont 7 fois plus susceptibles d’être harcelés en ligne par des amis que par des inconnus.
Les enfants qui sont harcelés sont aussi 9 fois plus susceptibles d’être victimes d’usurpation d’identité.
70 % des élèves signalent qu’ils assistent souvent à des cas de harcèlement en ligne.
99 % des élèves se feraient harceler même si les nouvelles technologies n’existaient pas.
Les raisons de harcèlement les plus couramment signalées par les élèves sont l’apparence (27%), la race (10 %), l’ethnicité (7%), le sexe (7%), le handicap (4%), la religion (4%) et l’orientation sexuelle (3%), comme le signalait le Centre Américain des Données Statistiques pour l’Éducation en 2017.
Il y a 4 types principaux de harcèlement :
- les médias sociaux : toutes les formes de harcèlement qui se produisent sur les plates-formes de médias sociaux comme Facebook ou Twitter.
- le harcèlement physique : répétition de menaces négatives et il peut se produire par divers canaux, en groupe ou seul.
- les messages incendiaires : humiliation publique de certains individus exhibée aux autres pour qu’ils puissent y assister en ligne ou hors ligne, c’est la forme de harcèlement la plus humiliante et qui peuvent faire souffrir l’enfant ou l’adolescent le plus longtemps en fonction de leur durée.
- l’exclusion : l’individu est ignoré ou n’est jamais invité aux événements sociaux, ainsi la victime peut subir les moqueries du groupe sans le savoir. C’est la forme de harcèlement la plus difficile à prouver et à résoudre car elle est quasiment impossible à prouver. Par exemple, quelqu’un pourrait être effacé d’une liste d’amis ou ne pas être invité à un événement."
Vos démarches pour aider votre enfant
VICTA préconise une rencontre entre les parents du harceleur et ceux du harcelé en présence et avec l'aide de la Direction qui doit participer.
Il faut demander à la Direction de l’établissement scolaire d’intervenir. La Direction peut organiser une confrontation du jeune victime avec le jeune harceleur, en présence des parents du harcelé et du harceleur.
La méthode de la confrontation donne en général de bons résultats si votre enfant est victime d'un seul enfant violent, mais elle est plus difficile à mettre en œuvre lors du harcèlement de votre enfant par un groupe et non pas par un harceleur isolé.
La Direction peut se former sur Internet à la méthode PIKAS qui parvient à résoudre 75% à 100% des cas de harcèlement de groupe par la négociation de la Direction avec les jeunes harceleurs.
La méthode PIKAS ou méthode de « la préoccupation partagée » fonctionne sur le principe d’entretiens hebdomadaires d’un membre de la Direction de l’établissement scolaire avec les « intimidateurs » jusqu’à ce que le harcèlement cesse.
C’est une méthode très simple à utiliser et même si c'est mieux de suivre une formation à cette méthode, un directeur d'établissement peut essayer une première fois pour voir ce que ça donne en se formant avec les vidéos du site de l'Education nationale.
Un peu de bonne volonté de la part du Directeur ou de la Directrice d'école suffit pour débuter, aider le jeune harcelé et faire stopper un délit dans son établissement.
Il vaut mieux pour un Directeur tenter sa chance avec la méthode PIKAS que de faire la Une des médias, se prendre une sanction disciplinaire et d'être objet d'une plainte des parents au pénal parce qu'on a un suicide d'enfant victime de harcèlement moral dans son établissement et qu'on a laissé faire sans intervenir.
La méthode PIKAS a été inventée dans les années 70 par Anatol PIKAS, un psychologue suédois mondialement reconnu et aujourd'hui âgé de 90 ans, né en Estonie et réfugié en Suède à son adolescence pour fuir le régime soviétique. Anatol PIKAS a pu faire ses études de psychologie en Suède après-guerre. Il ensuite été professeur en psychologie et sociologie de l'éducation dans de grandes universités en Suède, en Allemagne et aux Etats-Unis.
Il est incroyable de se dire que la méthode de lutte contre le harcèlement scolaire a été inventée il a près de 40 ans et qu'on en est toujours à subir de nos jours le harcèlement à l'école alors que la solution existe !
Cette méthode se base sur un fondement très logique : le harcèlement scolaire provient d’un phénomène de groupe qu’il est possible de neutraliser. Les jeunes vont suivre le chef de file dans son harcèlement sur la victime pour ne pas être exclus du groupe de copains. Si on dissocie le leader de ses suiveurs, le harcèlement de groupe s’arrête. Si le leader continue, il devra être sanctionné.
VIDÉO EXPLICATIVE sur la méthode PIKAS sur le site du réseau Canopé du ministère de l’Education Nationale, durée 15 minutes :
https://www.reseau-canope.fr/notice/la-methode-de-la-preoccupation-partagee.html
Les parents peuvent la conseiller au Directeur d'école, de collège ou de lycée de leur enfant victime. VICTA a vu la vidéo : la méthode est très simple à suivre et surtout très bien expliquée avec les différentes étapes. Il y a aussi des ressources documentaires sur le site pour expliquer comment ça fonctionne.
Faut-il porter plainte ?
Le dépôt de plainte est en dernier ressort quand toutes les autres tentatives ont échoué. En effet, vu la lenteur des procédures il ne faut pas espérer une résolution rapide.
Dans ce cas, changer d’école peut apporter une issue à votre enfant.
Les parents peuvent cependant porter plainte contre un enseignant ou tout autre personnel éducatif (surveillant, proviseur, directeur...) pour non-assistance à personne en danger en cas de refus d’intervenir pour aider leur enfant victime.
Le mineur harcelé peut porter plainte lui-même contre l’auteur ou les auteurs des faits en se rendant au commissariat ou à la gendarmerie ou bien en prenant un avocat.
Le mineur a le droit d’avoir un avocat d’enfants qui est gratuit pour les moins de 18 ans. Il faut téléphoner au Palais de Justice de votre ville et demander l’Antenne des Mineurs de l’Ordre des Avocats. Les parents peuvent faire cette démarche.
Les parents peuvent aussi se porter partie civile dans la plainte de leur enfant et obtenir des dommages intérêts. Ce sont les parents de l’agresseur ou des agresseurs qui vont payer.
Les types de délits : harcèlement scolaire, violences volontaires physiques ou psychologiques (brimades, humiliations, agressions sexuelles, racket...), menaces de mort, provocation au suicide, diffamation, atteinte à l’honneur.
Bien entendu, il faut avoir un bon dossier avec des preuves. Sinon, votre plainte sera classée sans suite. On croit souvent qu’il suffit de porter plainte pour obtenir gain de cause en Justice. Mais sans preuves, la victime perd son temps en espérances vaines.
Bien entendu, si le harcèlement s’effectue en ligne, il a des preuves : copies écran de posts et de messages de harcèlement.
Mais pendant le temps d’école, c’est impossible de prouver ce qui se passe dans la cour de récréation ou dans les couloirs.
C’est pourquoi la plainte n’est pas la solution miracle, contrairement à ce qu’on pense.
Les numéros gratuits mis en place par l’Etat
Stop harcèlement - Si vous pensez être victime ou témoin de harcèlement à l'école
Accueil des jeunes ou des parents, victimes ou témoins de harcèlement à l’école.
Téléphone : 0 808 80 70 10
Appel gratuit depuis un téléphone fixe et portable
Service ouvert tout au long de l'année, sauf les jours fériés
du lundi au vendredi de 9h à 18h
• Net Écoute - Pour une question sur le cyber-harcèlement
Pour poser vos questions de façon anonyme et confidentielle sur le harcèlement en ligne.
Téléphone : 0820 20 00 00
Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 19h
Appel gratuit
• Jeunes violences écoute - Pour une aide aux mineurs victimes
Écoute et orientation des jeunes victimes ou témoins de violences (racket, violences physiques et verbales, agressions sexuelles...). Informations et conseils adaptés aux situations.
Service également accessible aux parents et professionnels. Appels anonymes.
Téléphone : 0 808 80 77 00 (gratuit depuis un poste fixe ou un portable)
7 jours/7 (sauf les jours fériés) de 10h à 22h.
Article 222-33-2-2 du Code pénal, modifié par la loi du 3 aout 2018
« Le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende lorsque ces faits ont causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours ou n'ont entraîné aucune incapacité de travail.
L'infraction est également constituée :
a) Lorsque ces propos ou comportements sont imposés à une même victime par plusieurs personnes, de manière concertée ou à l'instigation de l'une d'elles, alors même que chacune de ces personnes n'a pas agi de façon répétée ;
b) Lorsque ces propos ou comportements sont imposés à une même victime, successivement, par plusieurs personnes qui, même en l'absence de concertation, savent que ces propos ou comportements caractérisent une répétition.
Les faits mentionnés aux premier à quatrième alinéas sont punis de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 € d'amende :
1° Lorsqu'ils ont causé une incapacité totale de travail supérieure à huit jours ;
2° Lorsqu'ils ont été commis sur un mineur de quinze ans* ;
3° Lorsqu'ils ont été commis sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de leur auteur ;
4° Lorsqu'ils ont été commis par l'utilisation d'un service de communication au public en ligne ou par le biais d'un support numérique ou électronique ;
5° Lorsqu'un mineur était présent et y a assisté.
Les faits mentionnés aux premier à quatrième alinéas sont punis de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende lorsqu'ils sont commis dans deux des circonstances mentionnées aux 1° à 5°."
* "mineur de 15 ans" signifie en langage juridique "mineur de moins de 15 ans".